L'escarpin est prête à rejoindre le sapin. Baisers doux.

Tu m’enflammes

Elle sort de la salle de bain.

Je repose le journal que je parcourais d’un œil distrait, cesse de ne penser à rien pour ne plus penser qu’à elle.

Rouge.

Rouges les escarpins, rouges les bas-couture, rouge la robe à dentelles, rouge la ceinture fine, rouges les longs gants qui remontent jusqu’aux coudes.

J’en ai la gorge sèche ce qui est de saison.

Canicule pour la troisième année consécutive.

Je repose ma cigarette sur le cendrier, trouve la force de croasser.

‒ Tu m’enflammes.

Elle sourit.

‒ Tu n’es pas mal non plus.

Je jette un œil dans le miroir.

Oui.

Rassurant cela.

Souliers noirs, pantalon sombre sur une chemise assortie, j’ai de l’allure.

Du chic.

Il le faut quand tu envisages de sortir avec une étincelle de ce calibre.

Le noir, le rouge.

Ou plutôt LA rouge et le noir.

Elle sourit derechef, soulève délicatement sa jupe pour me dévoiler un dessous carminé.

‒ Et le reste est à l’avenant, je sais vivre.

‒ Je n’en doutais point.

Quelle bonne idée cette soirée déguisée « Le rouge et le noir » en référence à Stendal dont aucun des organisateurs n’a du lire la moindre ligne. Mais c’est tellement « Style » des références littéraires pour une bacchanale débridée.

Je reprends ma cigarette, la porte à ma bouche sans trembler.

Tout va bien, je récupère vite.

Une longue bouffée, envoyer les volutes vers le plafond en arrondis parfaits.

‒ Tu as le matériel ?

Elle fait apparaître, planqué sur elle je ne sais où, un petit chalumeau à cartouche.

Déclic.

Une flamme bleue.

‒ On va leur mettre le feu… au sens propre.

La flamme bleue disparait, l’appareil aussi, je ne sais où.

Je me lève, l’aide à enfiler le manteau court de fausse fourrure tout aussi  flamboyante.

Il y aura d’autres gorges sèches.

Elle cache son visage d’un masque de plumes, de cuir, qui lui dessine des yeux d’amandes noires. J’ajuste un loup de satin. Le chauffeur du taxi aura des sujets de conversationr.

Au passage, je lance un dernier regard amusé au quotidien abandonné sur la table.

Photo d’une masure noircie assez vaste.

Gros titre !

« Soirée catastrophe, incendie à la villa Betancourt. Des millions de dégâts, pas de blessés ».

En attendant l’ascenseur, elle pose sa main sur mon bras.

Je frémis.

J’aime ça.

‒  Et qui allons-nous allumer ce soir ?

‒ L’un des grands patrons du groupe Total, je crois.

‒ Chouette, une station service, ça brule bien !

• • alcina

    Lundi 6 Janvier 2020 à 19:26
    

    De la dynamite à l'état pur , un vrai volcan qui ne demande qu'à entrer en éruption

    ce soir c'est une lionne , une tigresse , tout en gestes étudiés , en satin ganté

    et sur ses stilettos prête à sauter sur ... sa proie , çà va faire des étincelles

    surtout au bras du charmant gentleman qui l'accompagne ♥